L’exposition

Jean-Charles Gil nous propose ici une expérience artistique originale. Une mise en abîme de chaussons de danse éclaboussée d’imaginaire et de vécu pour une histoire dont le fil d’Ariane serait les tourments et les joies du danseur.

Un long chemin de l’ombre vers la lumière. Une série de treize compositions entre installations et sculptures, figeant sur des toiles de peintres des chaussons de danse.

De vrais chaussons, usés, en lambeaux, neufs, anciens ou récents.

Chaussons adulte, enfant, homme, femme, déclinés dans une palette de couleurs écho des émotions et des épisodes de la vie du danseur.

Chaussons transfigurés pour nous dire le cheminement du danseur entre grisaille et éblouissement.

Au fil des œuvres vont s’entrecroiser, en pas chassés, rubans défaits, rubans noués, fébrilité, désespoir, souffrance et enthousiasme jusqu’au clap de fin lorsque le rideau tombe sur l’abrupte solitude de l’artiste face à lui-même, chaussons rouges, chaussons noirs.

Mais un inextinguible souffle vital le propulsera vers de nouvelles créations irradiées d’énergie et de paix intérieure, chaussons bleus, chaussons blancs.

Une œuvre immergée dans une étonnante alchimie d’ordre et de désordre, de mouvement et d’immobilisme décomposant et recomposant à l’infini des tableaux à la fois pareils et dissemblables, vus sous le prisme d’un surprenant kaléidoscope, avec, à la manière d’un bouquet final, un mandala de chaussons de danse, irradiant et secret.

Une exposition-itinéraire du danseur classique dans sa perpétuelle quête d’absolu, déchiré et transcendé entre le terrestre, où ses chaussons l’ancrent, et le cosmique, vers quoi il tend, entre l’effort toujours recommencé de Sisyphe et la transe extatique du derviche tourneur.

Une ode à la danse ?

Plutôt une chanson de geste en chaussons dédiée à une vie pour la danse.

MARIE-JOËLLE BONNEFOY-LEFEUVRE
Historienne de l’Art